Pétra

Vous avez peut-être déjà vu la façade la plus célèbre de Pétra sans même le savoir. Dans Indiana Jones et la Dernière Croisade, quand Harrison Ford débarque devant un monument taillé dans la roche couleur miel-rosé, c'est bien elle : Al-Khazneh, alias le Trésor. Mais réduire Pétra à une apparition hollywoodienne serait comme dire que Paris se résume à la Tour Eiffel ou que Rome n'a que le Colisée. Pétra, c'est un monde à part.

Située dans le sud de la Jordanie, au cœur d'un décor désertique grandiose, la cité antique attire chaque année des centaines de milliers de visiteurs. Et pour cause : inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO et élue parmi les 7 nouvelles merveilles du monde, elle fait battre le cœur de tous ceux qui s'y aventurent.

Prêts à en prendre plein les yeux, à user un peu vos mollets et à revenir avec des souvenirs impérissables ? Suivez le guide. Et promis : je glisserai quelques astuces pour que votre visite soit plus “waouh” que “aie, mes pieds !”.

Une cité antique hors du temps

Les origines nabatéennes

Derrière ces façades spectaculaires se cache une histoire vieille de plus de deux millénaires. Pétra fut d'abord occupée par les Édomites, avant de devenir la capitale des Nabatéens, un peuple arabe passé maître dans l'art de faire fortune avec… les caravanes. Pas celles qu'on loue au camping, mais celles qui transportaient de l'encens, des épices, de la soie et autres trésors à travers le désert.

Imaginez la scène : des dromadaires chargés d'or noir de l'époque (l'encens valait son poids en lingots), des marchands venus d'Arabie, d'Égypte ou de Méditerranée, et Pétra en plein milieu pour collecter les taxes. Jackpot ! La ville devient prospère et accueille jusqu'à 20 000 habitants à son apogée.

Mais les Nabatéens ne se sont pas contentés de percevoir des droits de passage : ils étaient aussi ingénieux. Dans un environnement aride, ils avaient mis en place un système ultra-sophistiqué de canalisations et de citernes pour gérer l'eau. Pas mal pour une ville “perdue dans le désert”.

Du déclin à la redécouverte

Hélas, même les cités les plus puissantes connaissent des lendemains difficiles. Les Romains annexent Pétra au IIᵉ siècle, puis les routes commerciales se déplacent peu à peu vers la mer. Ajoutez quelques tremblements de terre, et la cité finit par être désertée.

Elle tombe dans l'oubli… ou presque. Les Bédouins du coin en connaissaient l'existence, mais le reste du monde l'avait rayée de la carte. Jusqu'à l'arrivée d'un explorateur suisse un peu téméraire, Johann Ludwig Burckhardt, qui, en 1812, parvient à se faire passer pour un pèlerin musulman et entre dans Pétra. Son récit rallume aussitôt la curiosité des voyageurs occidentaux. Depuis, la “cité perdue” est redevenue l'un des joyaux les plus visités de la planète.

Les monuments incontournables à explorer

Le Siq, prélude spectaculaire

La visite de Pétra commence par un défilé naturel digne d'un décor de film : le Siq. Ce canyon long d'1,2 km, aux parois hautes de 80 mètres, joue les tapis rouges pour les visiteurs. La lumière change à chaque virage, les couleurs du grès passent du beige au rouge flamboyant. Et puis, au bout, une lueur entre les roches… votre cœur bat plus vite.

Le premier aperçu du Trésor qui se dévoile à travers l'étroite ouverture est un moment unique, presque théâtral. On comprend pourquoi tant de voyageurs racontent avoir eu des frissons.

Le Trésor (Al-Khazneh), star incontestée

Le voilà : Al-Khazneh. Haut de 39 mètres, large de 25, sculpté directement dans la falaise, ce monument impose le respect. Sa façade, mélange d'influences gréco-romaines et orientales, est d'une finesse incroyable.

Son nom, “Trésor”, vient d'une légende locale selon laquelle une urne placée au sommet contiendrait un trésor. Les Bédouins y croyaient si fort qu'on peut encore voir les impacts de balles tirées pour essayer de l'ouvrir. Spoiler : il n'y avait rien dedans. Mais ça n'enlève rien à la magie du lieu.

Le Monastère (Al-Deir), la récompense après l'effort

Envie d'un défi ? Direction le Monastère, au bout d'un chemin ponctué de… 800 marches. Oui, ça pique un peu, surtout sous le soleil. Mais à l'arrivée, la fatigue s'évapore devant la façade monumentale : plus large que le Trésor, plus sobre mais tout aussi impressionnante.

Autour, la vue sur les montagnes jordaniennes est grandiose. C'est l'endroit parfait pour sortir une bouteille d'eau (ou un thé à la menthe si vous trouvez un vendeur) et savourer la récompense de vos efforts.

Les autres merveilles de Pétra

Réduire Pétra au Trésor et au Monastère serait une erreur. La cité regorge d'autres trésors :

• Les Tombes royales, alignement majestueux de façades funéraires.
  
• Le théâtre nabatéen, capable d'accueillir jusqu'à 7 000 spectateurs. Imaginez les pièces jouées là il y a deux millénaires !
  
• Le Qasr al-Bint, temple imposant qui rappelle la dimension religieuse de la cité.
  
• Les ruelles bordées de façades sculptées, qui donnent l'impression de marcher dans une ville fantôme figée dans le temps.
  

Chaque détour de sentier réserve une surprise, et croyez-moi, vos yeux ne sauront plus où donner de la tête.

Préparer sa visite de Pétra aujourd'hui

Combien de temps faut-il ?

La grande question. Peut-on visiter Pétra en une seule journée ? Techniquement, oui. Vous verrez le Siq, le Trésor, quelques tombeaux et, si vos jambes sont en forme, le Monastère. Mais ce sera la version “fast-food”.

Pour vraiment profiter, explorer des points de vue cachés, prendre le temps de souffler et éviter de transformer votre visite en marathon, prévoyez deux jours. Trois si vous êtes passionné et que vous voulez vraiment tout découvrir.

Quand y aller ?

• Printemps (mars-mai) et automne (septembre-novembre) : le combo gagnant. Températures agréables, lumière magnifique, moins de foule qu'en plein été.
  
• Été : chaud, très chaud. Vous passerez plus de temps à chercher de l'ombre qu'à admirer les monuments.
  
• Hiver : plus calme, mais froid le matin et le soir. Prenez une petite laine, oui même en Jordanie !
  

Conseils pratiques

• Horaires : ouverture dès 6h. Idéal pour profiter du calme et de la lumière dorée. Fermeture entre 16h et 18h selon la saison.
  
• Prix : comptez environ 50 à 60 JOD (≈70 à 85 €) pour une journée. Le Jordan Pass est une option intéressante, puisqu'il inclut le visa et d'autres sites touristiques.
  
• Accès : Pétra se trouve à côté de la ville de Wadi Musa, qui concentre hôtels et restaurants. Depuis Amman, comptez 3 à 4 heures de route.
  
• Équipement : chaussures confortables, eau (beaucoup), casquette, crème solaire. Et un appareil photo avec de la mémoire libre : vous allez en avoir besoin.
  

Pétra by night : la cerise sur le baklava

Pour prolonger la magie, ne manquez pas Pétra by night. Le Siq et le Trésor illuminés par des centaines de bougies, accompagnés d'une musique traditionnelle. C'est un moment suspendu, un peu hors du temps.

Astuce : arrivez tôt pour avoir une bonne place, et restez silencieux. Le charme disparaît vite si votre voisin se met à commenter chaque bougie.

Conclusion

Visiter Pétra, c'est entrer dans une légende. C'est marcher sur les traces des Nabatéens, des caravanes chargées d'épices, des explorateurs fascinés et, accessoirement, d'Indiana Jones.

Ce n'est pas une visite que l'on “fait”, c'est une expérience que l'on vit. Oui, vos mollets vont râler, oui, vous allez transpirer, mais vous repartirez avec des étoiles plein les yeux.

Pétra n'est pas seulement une cité antique : c'est un rendez-vous avec l'histoire, la beauté et l'ingéniosité humaine. Et si un jour vous avez la chance de vous retrouver face au Trésor, souvenez-vous : ralentissez, respirez, et laissez-vous happer par la magie.